Braindead, 1993

Braindead
Peter Jackson

Le principe de la liste implique, malheureusement, une obligation d’exclusion. Je m’en veux un peu, mais je n’ai pas eu la place de parler des précédents efforts de Peter Jackson. Or, une telle constance dans la crasse et l’idiotie méritait louanges. Son troisième opus sera l’occasion de réparer l’injustice. Avec « Bad taste » et « Meet the Feebles », « Braindead » compose une trilogie magnifique, contribution essentielle au comique gore. Les lettres d’or du slapstick qui tâche.

Avant de gagner la première place des réalisateurs bankables avec sa laborieuse adaptation du « Seigneur des anneaux » et d’être reconnu comme auteur avec le maladroit « Heavenly creatures », Peter Jackson était le meilleur dans sa catégorie. Renvoyant les bêtises molles d’Hershell Gordon Lewis dans un placard, le gros barbu avait obtenu la formule miracle d’un humour hyper noir et pourtant inoffensif.

Héritier des pionniers du burlesque, il semble que pour lui les tartes à la crème de Charlot manquaient singulièrement de couleurs. Il y a donc ajouté du rouge et a étudié le corps humain comme source de rire. Il est arrivé à la même conclusion que ses ancêtres, le corps est drôle lorsqu’il est malmené et plus dure est la chute, plus marrante est la blague. Jackson ira donc jusqu’au bout.

Après les délicieuses pitreries fauchées de « Bad taste » et les bricolages ludiques des « Feebles », il atteint le point de non-retour avec son troisième long métrage. Un manuel d’anatomie à la main, il impose à sa matière première toutes les tortures hilarantes qu’il peut imaginer.

Toutefois, cette attitude de potache forcené est rarement garante de réussite zygomatique. Nombreux sont les exemples de rigolos tentés par l’aventure gore et n’aboutissant qu’à une consternation gênée (comme en feront l’expérience les duettistes Tarantino et Rodriguez avec « Une nuit en enfer »). Peter Jackson fait preuve de tendresse envers ses personnages (même les plus répugnants) et d’une vertu rare dans ce domaine : la patience, qui lui permet de construire les gags les plus énormes avec finesse.

~ par 50 ans de cinéma sur 21 septembre 2010.

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